Appel d’offres : Etude de base du projet EFOR “Emancipation des femmes et des organisations rurales” en Tunisie.
Objectifs de la mission
Justification du processus d’évaluation
Comme stipule dans l’offre technique, le projet EFOR est soumis à des évaluations initiale, à mi-parcours et finale. A cet égard, il est prévu que l’évaluation intiale soit réalisée par des consultant.e.s externes avant la fin de période intiale prevue en décembre 2023. Le processus d’évaluation sera mis en place conformément à la politique et aux procedures de suivi et évaluation d’Expertise France.
La politique d’évaluation d’EF (2020) prévoit une évaluation systématique des programmes et des projets afin d’améliorer la qualité, la responsabilité et la transparence du travail d’EF et de renforcer le processus de prise de décision. La politique d’évaluation d’EF utilise les critères d’évaluation de l’OCDE/CAD comme référence principale pour la conception et la mise en œuvre des évaluations. Cette évaluation est une étape importante pour le projet afin d’assurer sa responsabilité vis-à-vis du donateur (AFD), de l’agence de mise en œuvre (Expertise France) et des bénéficiaires du projet, c’est-à-dire les partenaires institutionnels, les OSC, les OPA et les bénéficiaires finaux.
L’évaluation est axée sur le principe d’Evaluation participative (Participatory evaluation) [1]: Cette approche repose sur le principe selon lequel une évaluation doit être participative et impliquer activement les principales parties prenantes, en particulier les bénéficiaires finaux, dans la conception et la mise en oeuvre de l’évaluation. L’équipe d’évaluation doit veiller à appliquer les principes de cette approche tout au long du processus d’évaluation. Les objectifs sont :
- De donner aux bénéficiaires les moyens de mieux analyser et d’améliorer leur propre situation, et de produire des conclusions et recommandations plus fiables;
- De responsabiliser les bénéficiaires;
- D’avoir accès à un large éventail de points de vue et perspectives. Il s’agit de comprendre le changement souhaité à partir de nombreux points de vue différents plutôt que d’essayer d’obtenir un point de vue unique de l’équipe d’évaluation.
Objectifs et attentes de la mission
Les objectifs généraux de l’évaluation sont d’établir la situation de reference du projet et de fournir des recommandations fiables pour la mise en oeuvre du projet.
- Etablir la situation de reference détaillée pour les indicateurs de la finalité, des objectifs spécifiques, des résultats et des produits du projet de sorte que les données obtenues puissent informer la mise en œuvre des activités du projet.
- Stratégie de mise en œuvre : confirmer/informer les choix stratégiques opérationnels et explorer les réorientations nécessaires en formulant des recommandations ;
- Apprentissage : accompagner le projet dans la preparation de sa stratégie d’apprentissage et de capitalisation.
- Proposition d’une méthodologie pour le calcul de l’indice Pro-WEAI* (à discuter lors de la phase de démarrage)[2]
L’évaluateur doit fournir des preuves pour expliquer les analyses, les liens de cause à effet et tenter d’identifier les facteurs qui favorisent ou entravent les progrès. Son travail doit favoriser la responsabilisation, la prise de décision et l’apprentissage.
Contexte general
La Tunisie a longtemps été perçue comme un Etat précurseur et avant-gardiste en matière de reconnaissance des droits des femmes. Le Code du statut personnel promulgué en 1956 abolit en effet la polygamie, interdit la répudiation, institue le divorce et fixe l’âge minimum du mariage à 17 ans à condition que la jeune fille consente au mariage. En janvier 2014 le principe d’égalité hommes-femmes est érigé au rang constitutionnel et l’article 46 prévoit trois engagements majeurs pour l’Etat tunisien : développer les droits des femmes, assurer la parité au niveau des conseils élus et éliminer les violences à l’égard des femmes. La participation des femmes dans la vie politique tunisienne a ainsi connu de grandes avancées puisque 47% des sièges au sein des conseils municipaux étaient occupés par des femmes à l’issue des élections de mai 2018 en Tunisie. Sans équivalent dans la région, la loi organique du 11 août 2017 vise quant à elle dans son premier article « à mettre en place les mesures susceptibles d’éliminer toutes formes de violence à l’égard des femmes fondée sur la discrimination entre les sexes afin d’assurer l’égalité et le respect de la dignité humaine, […] à travers la prévention, la poursuite et la répression des auteurs de ces violences, et la protection et la prise en charge des victimes ».
Mais plus de dix ans après la révolution de 2011, la Tunisie reste un pays de contrastes où les innovations législatives coexistent avec des normes juridiques et surtout des normes sociales marquées par la discrimination notamment à l’égard des femmes et des personnes vivant dans des situations de vulnérabilité . En 2019, l’IDH de la Tunisie était ainsi de 0.689 pour les femmes, contre 0.766 pour les hommes, donnant un indice de développement de genre (IDG) de 0.900 et plaçant le pays dans le groupe 4 sur 5, où le niveau d’égalité femmes-hommes dans l’IDH va de moyen à bas. Par ailleurs, la question des violences socio-économiques et la question de l’héritage demeurent un sujet de premier ordre pour les associations féministes, l’égalité des droits d’héritage comme régime par défaut n’ayant toujours pas été approuvé alors qu’il s’agit d’un élément central pour l’accès des femmes au capital, au logement et aux moyens de subsistance.
Le contexte socio-économique est un facteur déterminant dans l’analyse des inégalités, y compris les inégalités de genre. Or la Tunisie est dans une situation particulièrement instable et fragile, économiquement et socialement, ce qui pourrait potentiellement impacter la condition des femmes, structurellement plus vulnérables aux crises économiques. Pendant la période de COVID, le chômage s’est aggravé pour passer de 15 % avant la pandémie à 17,8 % à la fin du premier trimestre 2021. Les femmes sont particulièrement touchées avec un taux qui atteint 24,9 % . Les estimations de la Banque Mondiale prévoient également une hausse du pourcentage de la population « vulnérable » susceptible de basculer dans la pauvreté.
Expertise
Nombre d’experts par mission : 1 ou 2 (en fonction de la configuration, pour permettre une visite sur le terrain pour la collecte des données). Une répartition concrète des tâches devrait être établie par les évaluateurs et jointe à la lettre d’intérêt à soumettre dans le cadre de la proposition technique.
Qualifications et experience
- Diplôme supérieur dans un domaine en rapport avec la mission : changement climatique,, économie, sciences sociales, coopération internationale, MEAL, ou expérience équivalente ;
- Expérience dans l’évaluation de projets de développement (au moins 5 ans) ;
- Expérience professionnelle dans l’application et l’évaluation des critères d’évaluation OCDE/CAD ;
- Expérience de la coordination de plusieurs parties prenantes : administrations, agences publiques, organisations internationales, secteurs privés (au moins 5 ans) ;
- Une expérience dans des projets similaires et dans les procédures d’évaluation de l’AFD est un atout ;
- Très bonne connaissance du contexte agricole tunisien.
Compétences techniques:
- Bonne connaissance des systèmes de suivi et d’évaluation pour les programmes et projets de développement ;
- Expérience et connaissance du suivi et de l’évaluation sur le terrain ;
- Expérience professionnelle d’au moins 8 ans dans le domaine de l’évaluation ;
- Expérience en conception et gestion de bases de données ;
- Expérience en definition de stratégie d’apprentissage.
Langues:
- Excellent niveau en français oral et écrit (langue de travail du projet) ;
- Connaissance du tunisien d’au moins un membre de l’équipe pour interviewer les partenaires tunisiens (ou au moins un traducteur).
Les offres doivent inclure:
- offre technique : démontrer votre compréhension des termes de référence, la méthodologie, la composition de l’équipe d’évaluation, les CV et l’expérience similaire (références), et inclure les éléments mentionnés dans les termes de référence (plan de travail détaillé, répartition des rôles et des responsabilités).
- Offre financière : budget global de l’évaluation en euros (€), y compris les éléments suivants : [coût journalier de chaque participant ; ventilation du temps consacré à chaque intervention par participant et par phase ; coûts supplémentaires (services et documents supplémentaires) ; coûts de traduction ; et modalités de paiement proposées. Les frais de transport (international et local) et d’hébergement sont couverts par EF.
- La candidature ne doit pas présenter de conflit d’intérêt avec l’action.
Les candidatures complètes doivent être envoyées sur le site gestmax en indiquant clairement le titre de l’appel à propositions dans l’objet du courriel avant le 04 septembre 2023 à 10H00 (Tunis time). Si aucune réponse n’a été donnée par EF dans les deux semaines suivant la date limite de dépôt des candidatures, veuillez considérer que votre candidature n’a pas été présélectionnée.