Alima recrute un(e) Chef(fe) de Mission, Douala, Cameroun
Contexte sécuritaire :
La région de l’Extrême-Nord du Cameroun est limitrophe de six régions du Tchad et de deux Etats du Nigéria. Ainsi, elle est constituée de six départements (Diamaré, Logone-et-Chari, Mayo-Danay, Mayo-Kani, Mayo-Sava, et Mayo-Tsanaga) et compte quarante et sept (47) arrondissements. Dès lors, la problématique de l’insécurité dans la région de l’extrême-nord est un enjeu majeur qui nécessite une attention particulière. Cette région du Cameroun est confrontée à plusieurs défis sécuritaires qui ont un impact significatif sur la population et le développement économique. En effet, la région de l’Extrême-Nord fait face à une situation sécuritaire très préoccupante depuis plusieurs années. Avec la présence de groupes armés non étatiques tels que BOKO-HAMAN, JAS, IISWAP, les conflits intercommunautaires, le grand banditisme. Ces groupes (GANE) commettent des attaques violentes contre les civils, les forces de sécurité et les infrastructures. Ces attaques ont entraîné un déplacement massif de populations, créant une crise humanitaire et des tensions sociales
La situation sécuritaire s’est dégradée à l’EN en 2014 avec l’avènement des groupes armés terroristes (ISWAP, BH et JAS) dans la zone et depuis 2017 au NO avec la déclaration d’indépendance prononcée par les leaders Ambazoniens. Dans ces régions, l’année 2024 a été marquée par les affrontements entre les groupes armés et les forces de sécurité, les attaques des groupes armés contre les intérêts des populations (pillages de commerces, vols de batailles, rackets) et des enlèvements avec des demandes de rançons, y compris le personnel d’ONG. A l’EN, le risque d’inondation reste élevé en -2025. Selon INFORM Sahel, les régions du Littoral, du Nord et de l’EN restent physiquement très exposées aux inondations.
L’insécurité continue à affecter négativement les populations civiles dans les départements du Mayo Tsanaga, Mayo Sava et Logone et Chari. En août 2024, 139 incidents sécuritaires ont été enregistrés avec un bilan de 11 personnes tuées, 02 enlevées et 15 blessées. Les activités des GANE ont entraîné le déplacement de 244 ménages (1 324 personnes) dans les départements du Mayo Tsanaga (Mokolo et Koza).
Au NO, le contexte reste particulièrement volatile avec des politiques de ville morte et fermeture d’axes routiers régulièrement imposés par les séparatistes. En 2022, 1774 incidents ont été enregistrés dans le NOSO dont 1 032 sont l’œuvre des groupes séparatistes et 53 qui ont ciblé les ONG. Ces incidents ont entraîné la mort de 973 personnes et 671 enlèvements (INSO CHDC). En 2023, ce sont 4646 incidents sécuritaires qui ont été notifiés par INSO contre 2857 en 2022. Au cours de ces incidents, 1797 personnes ont été tuées et 56 incidents étaient liés aux ONG. En 2024 un nombre important d’incidents sont aussi enregistrés avec des locks down fréquents qui impactent les activités au niveau de des régions NOSO
Contexte humanitaire :
Environ 3,4 millions de personnes vivant au Cameroun ont besoin d’aide humanitaire et de protection en raison des effets du conflit et de la violence, des chocs climatiques et des épidémies. La nature prolongée du conflit du bassin du lac Tchad, la crise du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et l’impact de la crise des réfugiés en République centrafricaine (RCA) compromettent le bien-être et les conditions de vie des populations touchées. On compte près d’un million de personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI). Le pays accueille également près d’un demi-million de réfugiés et de demandeurs d’asile. Les besoins humanitaires sont aggravés par des faiblesses structurelles du développement et des vulnérabilités chroniques. Les déplacements nouveaux ou multiples et l’insuffisance de l’aide humanitaire contribuent à l’érosion considérable de la résilience déjà limitée de la population touchée et à la persistance des besoins humanitaires. Les besoins de protection sont généralisés : les femmes et les filles sont très exposées aux violences basées sur le genre (VBG) et les hommes et les garçons sont les plus exposés aux arrestations et détentions arbitraires, aux décès et aux blessures. Plus de 2,5 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë.
Le groupe de population « Autres personnes », qui sont des personnes qui ne sont pas directement affectées par une crise humanitaire mais qui sont vulnérables en raison de facteurs structurels, n’est plus pris en compte dans l’analyse intersectorielle de l’Aperçu des besoins humanitaires (HNO) pour 2024, conformément aux orientations mondiales. En attendant, la portée géographique de l’HNO reste la même qu’en 2023 : l’analyse intersectorielle des besoins couvre les cinq régions touchées par les crises du bassin du lac Tchad et du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, à savoir l’Extrême-Nord, le Nord-Ouest, le Sud-Ouest, le Littoral et l’Ouest. L’analyse a été réalisée au niveau divisionnaire (Admin 2). L’analyse multisectorielle des réfugiés couvre les régions de l’Est, de l’Adamaoua, du Nord, de l’Extrême-Nord et les centres urbains des régions du Littoral et du Centre.
L’EN est la région où le taux de prévalence de la MAS est le plus élevé du pays. Selon le dernier rapport SMART SENS de décembre 2022, dans la région EN, le taux de malnutrition aiguë globale (MAG) des enfants de moins de 5 ans est de 8% (5,9 – 10,8) dans la population hôte et de 10,1% (7,5 – 13,4) chez les personnes déplacées, dépassant le seuil d’intervention de 10% défini par l’OMS. Le taux de malnutrition aiguë sévère (MAS) dans la région EN est de 1,7 (1,1 – 2,6). En outre, les populations déplacées à l’intérieur du pays dans l’EN et le Nord ont des taux élevés de malnutrition aiguë sévère, atteignant respectivement 2,9% et 2,6%, dépassant le seuil d’urgence de 2% défini par l’OMS.
Les équipes ont noté des perturbations dans certains départements dues aux chocs climatiques (poches de sécheresse d’une sévérité moyenne dans la zone du Serbowel dans le Logone et Chari et le Mayo Sava, inondations, attaques des cultures par des chenilles, destruction des champs par les pachydermes). La persistance de l’insécurité dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord impacte la sécurité alimentaire et l’insécurité alimentaire impacte la situation nutritionnelle, particulièrement dans l’Extrême Nord.
Selon la dernière enquête SMART 2022, la prévalence de la malnutrition est de : MAG 3,9% et MAS 1,7% pour Mokolo. Pour l’Extrême Nord, hors site, MAG 8.3% et MAS 2.0% avec des chiffres un peu plus élevés dans le camp des déplacés de Minawao (à Mokolo) MAG 4,3% et MAS 1.6%. Les prévalences sont très faibles dans les NOSO.
EN : 979000 personnes ciblées par le HRP 2024 et 450000 PDI & 121742 Refugiés
NOSO : 991000 personnes ciblées par le HRP 2024 dont 583000 PDI
Sur le plan sanitaire, les DS ciblés à l’EN et au NO sont situés dans des zones à fort potentiel épidémique avec la récurrence des épidémies de choléra, de rougeole et de paludisme. Une épidémie de choléra a été déclarée en octobre 2022 dans l’EN. Dans le Logone et Chari, cette épidémie a touché les DS de Fotokol, Mada et Makary. Ces DS connaissent aussi des périodes de pic palustre chaque année entre juillet et décembre.
Les DS de Makary et de Fotokol ne disposent aujourd’hui que de 2 médecins et de 3 infirmiers, soit un ratio de 1 médecin pour 103 133 habitants et de 1 infirmier pour 68 755 habitants, alors que les seuils OMS sont de 1/10000 pour les médecins et de 1/5000 pour les infirmiers. Dans celui de Mada, le DS emploie 3 médecins et 3 infirmiers (soit 1/56079 hbts), reflétant ici aussi la fragilité du dispositif médical déployé dans cette zone. Dans les districts de Batibo, Bali et Santa dans le NO, le ratio est de 1 médecin pour 30 000 hbts et 1 infirmier/sage-femmes pour 3000 hbts.
Quelques indicateurs santé : Indice de fécondité : 4,58 enfants / femme, Taux de natalité : 35/1000, Taux de mortalité : 9,4 /1000, Taux de mortalité infanto juvénile : 49,8/1000, Mortalité Maternelle : 669/100000 habitants, Palu : 85,5/1000 habitants avec Décès Paludisme : 6,2 pour 100000 habitants
La situation sécuritaire dans les districts sanitaires ciblés est très instable ce qui entraîne inévitablement des cas de VBG sur les jeunes filles et les femmes telles que des viols, des abus et exploitations sexuelles, des mariages forcés. L’éloignement des structures sanitaires, l’état de dégradation des routes et les prix élevés des transports pour se rendre aux structures de santé constituent un frein à l’accès aux soins de santé. En outre, les soins de santé étant payants dans ces régions, l’accès aux soins reste un véritable défi pour ces populations dont les activités de subsistance (les champs, commerces) sont paralysées à cause des affrontements.
SITUATION DES INONDATIONS EN EXTRÊME NORD : 365 060 personnes (67 323 ménages) touchées dont 124 120 enfants < 5 ans ; 30 décès, 82 509 hectares de terres agricoles ont été détruits. 15 DS /19 atteints et 65 Centre de santé, 5 278 têtes de bétail perdues >>>> Risque d’épidémie de choléra ++++
Projets mis en oeuvre :
En 2024 : ALIMA met en œuvre 6 projets médicaux dans les secteurs de la santé, la nutrition et la vaccination principalement
- 4 projets médico nutritionnels dans l’Extrême Nord (Mokolo-Makary), le Sud-Ouest (Dschang) et le Nord-Ouest (Bamenda)
- 1 projet chirurgical dans l’Extrême Nord (Maroua)
- 1 projet de vaccination dans l’EN et SW
Zones d’intervention :
- Extrême Nord (Makary, Mokolo et Maroua) : 4 DS dont 19 AS
- Nord-Ouest (Bamenda): 3 DS dont 11 AS
- Sud-Ouest (Fontem et Wabane), Ouest (Dschang) : 3 DS dont 9 AS
Partenariat:
ALIMA est présent depuis fin 2015 au Cameroun et travaille en partenariat avec l’ONG Nationale DEMTOU depuis 2019, le consortium ALIMA-DEMTOU opère activement au Cameroun, fournissant un soutien technique et matériel aux districts sanitaires pour répondre aux urgences sanitaires, nutritionnelles et épidémiologiques.
ALIMA mène des projets en consortium avec d’autres ONG locales dans différentes zones : AVLF à Maroua, TOKEM à Dschang , APAM et la Fondation Kangourou sur le Projet Mokolo
Moyens de la mission :
- Le montant global sous la responsabilité du CDM au Cameroun : 6608 K € avec les bailleurs comme : AFD ; BHA ; ECHO ; CDCS ; IFRP
- Les effectifs expat et nationaux de la mission Cameroun : Expats : 16 et Nat : 138 et 778 MOH
Priorité coordination / sujets transversaux année 2024 et perspectives 2025 :
- Améliorer l’approvisionnement en médicaments (plus d’ancrage avec la DPM-L)
- Accompagner les évaluations sur tous nos projets en vue d’un repositionnement stratégique de nos opérations
- Continuer à améliorer la qualité des soins dans les zones anglophones (SO et NO)
- Continuer à suivre les indicateurs et réadapter la mise en œuvre si dépassement des cibles
- Repenser les stratégies pour favoriser le don de sang en Extrême Nord
- Redéfinir la stratégie SSR sur la mission (pour améliorer les indicateurs et continuer à réduire le taux des décès maternels)
- Capitaliser les acquis du projet de chirurgie réparatrice réalisé à Maroua
- Règlement du statut administratif de ALIMA au Cameroun
- Révision du setup RH : Coordination renforcée avec dispositif projet allégé vs projet renforcer avec allégement de la coordination
- Gestion du contentieux RH & nombre croissant CDI du staff—- risque financier à long terme
- Structuration base et bureau coordination
- Suivi financier et pilotage projet renforcé
- Dégradation sécurité dans le Nord-Ouest et Sud-Ouest : adapter l’approche pour faciliter l’accès humanitaire aux communautés (localisation : recours à des partenaires locaux).
- Renforcement du set-up RH (notamment pour les départements médical et RH).
- Développement des activités dans la région du Sud-Ouest et de l’Ouest.
Enjeux de la mission :
- Taxation des ONGI & IRPP – Moratoire obtenu et prolongé au 31/12/2024
- Frais d’enregistrement/VISA – Pas de cible prioritaire mais dommage collatéral
- Localisation – Engagement du grand Bargain
- Statut ALIMA au Cameroun – Autorisation d’exercer vs Accord d’établissement processus laborieux et budgétivore
- Importation des médicaments vs capacité de mise en oeuvre des projets médicaux de qualité – négo & conformité
- Sous financement de la réponse humanitaire – capacité d’adaptation
Expériences / Formation
Eléments de profil requis spécifique à la mission :
- Travail dans un contexte humanitaire complexe avec des enjeux opérationnels
- Expérience chef de mission d’au moins 2 ans avec les ONG internationales
- Expérience dans la gestion sécuritaire et la négociation humanitaire
- Maîtrise du partenariat avec les ONG locales
- Grande expérience dans la mise en œuvre des projets en consortium avec d’autres ONG internationales
- Maîtrise de l’anglais et du français écrit et parlé obligatoire
Salaire
Durée et type de contrat : 12 mois
Prise de poste : Janvier 2025
Salaire : Selon grille salariale ALIMA + valorisation de l’expérience + Perdiem
ALIMA prend en charge :
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Les frais de déplacements entre le pays d’origine de l’expatrié et le lieu de mission
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Les frais d’hébergement
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La couverture médicale du premier jour de contrat à un mois après la date de départ du pays de mission pour l’employé et ses ayants droits
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L’évacuation pour l’employé et ses ayants droits
Comment postuler
Pour postuler, veuillez envoyer votre CV et Lettre de Motivation en ligne avant le 13/11/2024
Les candidatures sont traitées suivant l’ordre d’arrivée. ALIMA se réserve le droit de fermer l’offre avant le terme initialement indiqué si une candidature est retenue. Seules les candidatures complètes (CV en format PDF + Lettre de Motivation) seront étudiées.
Les candidatures féminines sont fortement encouragées.