Appel d’offres : Appui à l’élaboration d’un programme de réduction des risques liés aux catastrophes et au changement climatique à Madagascar.
CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE LA MISSION
Pays insulaire du sud de l’océan Indien, Madagascar est située à 400km de la côte est africaine. Avec un PIB de 500,5 dollars par habitant (Banque mondiale, 2021) et un IDH de 0,501 (PNUD, 2021) le pays figure parmi les plus pauvres au monde. Il est également l’un des plus vulnérables aux crises et aux catastrophes liés aux aléas naturels. Depuis la dernière décennie seulement, le pays a été touché par 35 cyclones et inondations, 5 périodes de sécheresse sévère, 5 tremblements de terre et 6 épidémies. Tandis que Madagascar contribue à hauteur de 0,08% aux émissions mondiales de gaz à effets de serre, la 4ème plus grande île au monde est fortement impactée par les effets du changement climatique, avec un indice de vulnérabilité qui classe le pays 167ème sur 181. Le 6ème rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévoit une baisse de la pluviométrie annuelle et davantage de phénomènes météorologiques extrêmes, avec une alternance de périodes de sécheresses et d’épisodes de fortes précipitations générant des risques d’inondations. La saison cyclonique 2021-2022 a été particulièrement active avec l’atterrissage sur le territoire national de 6 systèmes tropicaux, dont 2 au stade de cyclones tropicaux intenses. La population du Grand Sud Est, déjà frappée en 2022 par le cyclone tropical intense Batsirai, a de nouveau été impactée par la forte tempête tropicale Cheneso puis par le cyclone tropical Freddy en 2023. Le Grand Sud est par ailleurs touché par une sécheresse longue depuis plus de deux ans, qui a plongé 2,23 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire sévère (IPC, novembre 2022). Sur le plan environnemental, si Madagascar est un territoire unique du fait de son exceptionnelle biodiversité – plus de 90 % de sa faune et de sa flore sont des espèces endémiques, la conservation des écosystèmes de l’île est menacée par la croissance rapide de la population humaine et la dégradation environnementale. Plusieurs régions sont affectées par l’érosion des sols due à la déforestation et au surpâturage, par la désertification ou par la contamination des eaux de surface par les eaux usées brutes et les déchets organiques. 80 à 90% de la couverture forestière est endommagée ou complètement dégradée ; l’île en a perdu la moitié au cours des soixante dernières années. Le secteur agricole contribue largement à cette dynamique de déforestation et de fragmentation des écosystèmes forestiers, en raison de la pratique de la culture itinérante sur brûlis. Les mangroves, formations végétales riches et sources de nombreux services écosystémiques, n’échappent pas à cette tendance et sont impactées dans de nombreuses zones de l’île.
La Région de Melaky, située dans l’Ouest de Madagascar et très difficile d’accès, n’échappe pas à ces dynamiques de dégradation de l’environnement et est également sujette à d’importants risques hydroclimatiques et autres risques environnementaux : les communautés du bassin versant de Manambolo sont exposées aux inondations, aux incendies de forêt, aux cyclones et impactées par l’érosion des sols. De nombreuses communautés, en particulier en amont de la rivière Manambolo, sont coupées du monde pendant les saisons des pluies et des inondations. Ces vulnérabilités ont des répercussions importantes sur les populations et leurs moyens de subsistance. Tandis que l’eau, l’assainissement et la santé sont des préoccupations majeures pendant la saison des inondations, l’habitat humain peut être fortement impacté en cas de feu de forêt. Les cyclones peuvent avoir un impact direct sur les communautés par le biais de vents violents ou de pluies torrentielles provoquant des crues soudaines – les avulsions fluviales constituent notamment une menace pour les communautés locales lorsque la rivière prend soudainement un nouveau chemin.
Dans ce contexte, la Croix-Rouge Malagasy et la Croix-Rouge française se sont associées à WWF France et WWF Madagascar pour proposer un projet de Restauration des écosystèmes forestiers naturels présentant une biodiversité unique dans les régions du Menabe et du Melaky, plus particulièrement dans le bassin versant du Manambolo et améliorer la résilience des communautés en tenant compte de leurs enjeux socio-économiques (CIBEL – Madagascar). Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (“le Mouvement”) apporte dans ce cadre une plus value sur l’approche communautaire, au coeur de son mandat et mettra à profit ses années d’expérience dans la gestion du risque de catastrophes liés aux aléas naturels dans la région, et notamment dans le déploiement de systèmes communautaire d’alerte précoce. Afin de pouvoir mettre en œuvre et renforcer la portée de leur programme de réduction des risques liés aux catastrophes et au changement climatique, la Croix-Rouge Malagasy et la Croix-Rouge française cherchent à consolider / développer leur logique d’intervention en s’appuyant sur les activités prévues dans le projet CIBEL et à mobiliser un cofinancement. En particulier, ce travail visera à déposer une proposition de projet à un bailleur de fonds identifié – le FFEM.
PRESENTATION DU PROJET
WWF France a piloté l’élaboration d’un projet régional de Conservation Inclusive de la Biodiversité et des Écosystèmes par les communautés Locales (CIBEL) qui sera mis en œuvre pour 4 ans à Madagascar, au Gabon, au Cameroun et en République du Congo et financé par l’Agence française de développement (AFD). A Madagascar, le projet CIBEL vise à “Restaurer les écosystèmes forestiers naturels présentant une biodiversité unique dans les régions du Menabe et du Melaky, plus particulièrement dans le bassin versant du Manambolo et améliorer la résilience des communautés en tenant compte de leurs enjeux socio-économiques”. WWF France prévoit dans cette perspective de collaborer avec WWF Madagascar, la Croix-Rouge Malagasy et la Croix-Rouge française. Les activités de la Croix Rouge permettront d’anticiper et d’atténuer les risques de catastrophes liés aux aléas naturels et leur impact, grâce notamment à des plans de réduction des risques et à des systèmes d’alerte précoces. L’instruction du projet est en phase de finalisation et la mise en œuvre doit commencer au deuxième semestre 2023. Les activités mises en œuvre par le Mouvement sont prévues à partir du deuxième semestre 2024.
Objectif général du projet à Madagascar : Restaurer les écosystèmes forestiers naturels présentant une biodiversité unique dans les régions du Menabe et du Melaky, plus particulièrement dans le bassin versant du Manambolo et améliorer la résilience des communautés en tenant compte de leurs enjeux socio-économiques.
Objectifs spécifiques :
- Mener des actions de restauration écologique dans le bassin versant du Manambolo afin de réduire la dégradation des écosystèmes en amont et en aval.
- Appuyer les structures locales dans la gestion durable des ressources naturelles en amont des bassins versants afin d’éviter la dégradation, et celles situées dans les formations forestières de mangrove, pour une meilleure résilience des écosystèmes.
- Renforcer la résilience des communautés qui dépendent des activités agricoles et de la pêche en aval des bassins hydrographiques (mis en œuvre par le CRM-CRF).
- Améliorer la gouvernance des écosystèmes terrestres et des formations de mangrove en capitalisant sur les réalisations et les actions entreprises jusqu’à présent pour la durabilité des actions.
Axes d’intervention proposés par la Croix-Rouge française et la Croix-Rouge Malagasy :
A travers les activités proposées par le Mouvement, les résultats attendus sont les suivants :
- R1 Les communautés cibles sont mieux informées et sensibilisées sur les risques naturels et à la protection de l’environnement et traduisent ces connaissances en plans de réduction des risques de catastrophes réalisables.
- R2 Les communautés disposent d’un système d’alerte précoce communautaire opérationnel en coordination avec toutes les parties prenantes concernées.
- R3 La Croix-Rouge malgache et ses antennes locales dans les bassins fluviaux ciblés ont la capacité de soutenir davantage les communautés dans la mise en place de leur système d’alerte précoce.
PROFIL RECHERCHE
- Formation en gestion des risques de catastrophes et adaptation au changement climatique, dans le domaine de l’environnement ou autre secteur similaire ;
- Maîtrise du cycle de gestion de projet et compétences en montage de projet ;
- Excellentes capacités rédactionnelles ;
- Expérience en contexte interculturel ;
- Connaissance sur les thématiques transversales à prendre en compte pour la qualité des activités à conduire : solutions basées sur la nature, participation communautaire, genre et approche inclusive;
- Connaissance du cadre institutionnel et des différents acteurs de la gestion des risques de catastrophe et / ou de la protection de la biodiversité à Madagascar et dans l’océan Indien souhaitée ;
- Expérience dans le pays et la région serait un plus ;
- Connaissance du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge serait un plus;
- Maîtrise du français.
Comment postuler?
Le.la consultant.e doit soumettre une offre technique et financière pour sa prestation.
L’offre technique doit inclure :
- le CV et/ou Portfolio,
- la méthodologie proposée;
- un chronogramme indicatif.
Le budget devra présenter l’ensemble des frais relatifs à la réalisation des 3 phases. Toutefois, pour la réalisation des missions, une contribution financière et logistique de la CRF pourra être apportée.
Le prix indiqué de la prestation doit porter la mention ‘ferme, global, forfaitaire et définitif’
La proposition complète devra être envoyée au plus tard le 5 juillet 2023 à : [email protected] ; copie à l’adresse [email protected] avec la mention objet du mail: ‘Mission ECO DRR – Madagascar’ complète et à l’identique.